Il était une fois ... un savon

Derrière chaque savon artisanal se cache une réaction chimique ancestrale appelée saponification.
Bien au-delà d’une simple recette de cuisine, ici tout se transforme : C’est magique!
Il existe deux méthodes :

1- La saponification à chaud

les ingrédients sont chauffés plusieurs heures à 120°C pour accélérer le processus de saponification. La pâte obtenue est rincée à grandes eaux plusieurs fois pour éliminer les résidus de soude, mais malheureusement une grande partie
de la glycérine avec (- de 1% au final). 
La réaction est alors terminée, la pâte peut être moulée. Après refroidissement, les savons peuvent être découpés, tamponnés et étiquetés, prêts à être commercialisés.

On connaît le savon de Marseille et le savon d’Alep qui sont fabriqués de cette manière, mais elle est aussi majoritairement utilisée dans l’industrie cosmétique et notamment pour créer des bondillons de savon (petits granulés).
Avec cette méthode, les savons sont fabriqués rapidement, mais ce qui est dommage, c’est, d’une part, que la cuisson agresse les huiles et par conséquent, altère leurs bienfaits et, d’autre part, qu’il faut beaucoup d’eau, d’énergie et du gros matériel.

Beaucoup de savonneries industrielles très en vogue utilisent les bondillons, méthode appelée également Melt and pour. C’est à dire que le savonnier ne fait pas de saponification mais n’a plus qu’à faire fondre les bondillons (souvent venus d’asie et à l’huile de palme) à ajouter ses additifs et à vendre ses savons.

Des tensioactifs comme le Sodium Coco Sulfate (SCS) ou le Sodium Coco Isethionate (SCI) sont utilisés par ces même savonneries notamment pour les shampoings solides, très difficiles à obtenir en saponification.
Une solution de facilité de plus en plus controversée.
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les savons du Périgord

2- la Saponification à froid

Celle que j’utilise et c’est LA méthode artisanale naturelle qui permet de fabriquer des savons doux sans chauffer les ingrédients (juste assez – entre 30 et 35°C – pour faire fondre les beurres solides).
Elle est donc très peu énergivore et garde les propriétés intactes.

Ici, on hydrolyse un ester en ion carboxylate et alcool à l’aide d’une base forte (ou alcali) …. hein ? …. Quoi? …. pardon? Je pense que je vous ai perdu !!!

Pour faire plus simple, on mélange un ou plusieurs corps gras (huile d’olive, beurre de karité, huile de coco ou graisse animale par exemple) à de la soude, celle-là même qui débouche les WC ! (Les ingrédients

La réaction est complète c’est à dire que l’entièreté de la soude réagit avec les corps gras pour se transformer en savon et en glycérine. Il ne reste plus du tout de soude au final. 

A ce stade, on ajoute les autres ingrédients (argiles, parfums, etc) et si on ajoute une huile le savon sera alors surgras, ce qui est le cas de tous mes savons.

La pâte obtenue est coulée dans des moules, durcit pendant 24 à 48h avant d’être démoulée et découpée. Vient ensuite le temps de la cure, qui dure 4 semaines minimum. C’est là que la magie opère !! Tous les ingrédients se transforment entièrement pour obtenir la fameuse glycérine et le fameux savon. 
Au terme de cette période, si le pH est situé entre 9 et 11, le savon peut être étiqueté (c’est absolument obligatoire) et commercialisé.

Les savons saponifiés à froid sont rarement très colorés et rarement parfaits. L’Association Des Nouveaux Savonniers (l’ADNS), à laquelle
j’adhère, est la créatrice et propriétaire d’un logo qui vous
assure une production artisanale
à froid.